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QUAND ON VENDAIT LES PEAUX DE LAPIN

Le vendeur de peaux de lapins
Au XXe siècle, un produit qui n’était récolté que par le chineur et ne se jetait jamais était les peaux de lapin, qui possédaient de la valeur. Les restaurateurs, les cuisinières et les petites ménagères les mettaient soigneusement de côté pour les vendre directement au chiffonnier chineur. Mais si le ramassage des peaux de lapin existait alors déjà, celles-ci étant employées pour en faire des fourrures, ce commerce ne devint vraiment important que le jour où la peau de lapin servit à fabriquer les chapeaux de feutre.
C’est sous le règne de Charles VI qu’apparaissent les premiers chapeaux de feutre. On commença par les fabriquer avec des peaux d’agneaux, puis on employa les peaux de castor. Les chapeliers purent passer de la peau d’agneau à la peau de castor sans grande difficulté, mais pour faire un pas en avant dans la voie du progrès et pour passer du castor au lapin ils durent lutter pendant longtemps et livrer de nombreuses batailles.
C’est, qu’en effet, au XVIIe siècle les corporations d’arts et métiers avaient chacune des privilèges dont elles étaient jalouse des et des règlements qui, sous prétexte de favoriser l’industrie et le commerce, pouvaient les ruiner, l’histoire des chapeaux et les nombreux procès soutenus par la corporation des chapeliers nous en fournissant des exemples bien frappants.
Le castor coûtant fort cher, les chapeliers eurent l’idée de fabriquer des chapeaux dans lesquels il entrait une partie de castor et une partie d’étoffe à poil. Ces nouveaux chapeaux auxquels on donna le nom de demi-castors, avaient l’avantage de coûter moins cher ; aussi eurent-ils un très grand succès dans le public. Malheureusement, ils faisaient concurrence à la peau de castor, qui était un produit des colonies et, de plus, le mélange des diverses étoffes était considéré par la corporation comme une falsification ; aussi les demi-castors furent proscrits en 1664, et on imposa pour peine aux fabricants, une amende de 200 livres et la confiscation de la marchandise.
« Les demi-castors n’en furent pas moins goûtés, explique Levasseur dans son Histoire des classes ouvrières en France, et les marchands continuèrent à en vendre. La loi s’irrita et institua des peines monstrueusement disproportionnées au délit : ce fut d’abord la privation de la maîtrise, puis la privation de la maîtrise avec une amende de 2000 livres, et la prison en cas de récidive ; enfin, une amende de 2000 livres, dont la moitié était donnée au dénonciateur. On aurait puni moins sévèrement un grand crime. Et pourtant la loi échoua. Elle eut beau marquer d’un sceau particulier les anciens demi-castors et fixer des délais pour l’emploi des étoffes de ce genre, fabriquées avant les ordonnances, on continua toujours à en faire de nouvelles et, au XVIIIe siècle, l’Etat fut obligé de tolérer la vente des demi-castors. »
En 1760, un chapelier de Paris, nommé Leprevost, a l’idée de fabriquer des chapeaux mêlés de soie et beaucoup plus brillants que les chapeaux de laine pure. C’était un progrès sans doute ; mais comme de tels progrès n’étaient pas tolérés à cette époque, le malheureux Leprevost, malgré les avantages que lui donnait sa charge de chapelier du roi, ne put lutter contre ses confrères qui, au nom des statuts de la corporation, font irruption dans sa boutique et, dans une seule visite, saisissent 49 chapeaux comme pièces à conviction et en foulent aux pieds 3171.
Au siècle suivant, la peau de lapin détrôna la peau de castor et donna lieu à une grande industrie qui, malgré la concurrence étrangère, était encore, au milieu du XXe siècle, une industrie prospère. Au XIXe siècle, le fabricant de chapeaux ramassait lui-même, ou faisait ramasser dans sa localité, les quantités de peaux de lapin qu’il pouvait trouver, et les transformait en chapeaux à l’aide de machines primitives. Ce n’est que le jour où la couperie de poils, se détachant de la fabrication des chapeaux, devint une industrie distincte et indépendante, que le ramassage des peaux s’organisa véritablement.
Dès les premières années de ce siècle, les Allemands et les Anglais, nos devanciers, établissaient des couperies de poils. La France, gênée par son système de protection et de prohibition, s’était privée elle-même des bénéfices que ces nations réalisaient avec cette industrie. Ce n’est que vers la fin de 1847 que furent enlevés les droits de prohibition d’abord, et de protection ensuite ; c’est de cette époque que date l’optimisation du ramassage qui, par la suite, se développa à pas de géants. Paris, qui était le centre des couperies de poils, envoyait des agents dans toutes les directions pour engager les brocanteurs, les chiffonniers, les ramasseurs de vieux verres et autres industriels à récolter les peaux de lapin et de lièvre qu’on laissait perdre pour la plupart.
Les auxiliaires les plus énergiques de ce commerce nouveau se recrutaient parmi les Auvergnats qui dominèrent dès lors dans le commerce des peaux. Grâce à cette organisation, le ramassage des peaux de lapin s’établit bientôt dans la France entière. En 1847, les couperies de poils de Paris travaillaient deux millions et demi de peaux. Les couperies de province consommaient une quantité à peu près égale.
Le pelharot était un colporteur (chiffonnier) qui collectait dans la campagne les chiffons, tissus, peaux de lapins ; la plume, le duvet, les cheveux, etc. les « déchets », le tout premier recycleur. Il s'agissait d'un métier itinérant et difficile.
(source internet)
 

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