L'ENFER DE LA DYLE DE MAI 1940
Dans une précédente édition, nous avons rapporté les cérémonies d'hommage aux Combattants Anglais tombés à Gastuche le 10 mai 1940. Cette journée commémorative, rappelons-le était organisée par l'amicale Para-Commando de Wavre et la FNC de Grez-Doiceau.
Nous avons retrouvé l'épisode tragique de ces journées de début de guerre que nous vous livrons ci dessous.
Ces lignes sont dues au musée du Souvenir de Malèves situé rue d'Orbais, 2 et ouvert sur rendez-vous pour l'instant
(La photo de la journée commémorative est de T Spreutel)
Dès le 10 mai 40, la Belgique fait appel aux alliés. Le dispositif anglo-français va prendre position sur la seconde ligne de défense le long de la Dyle : la ligne K.W.
Le 11 mai, une grande partie de la 1ère armée française s'installe le long de la ligne de chemin de fer entre Wavre et Namur et les trois divisions britanniques prennent position sur la Dyle, de Wavre à Louvain.
De Wavre à Pécrot, les positions suivantes sont occupées :
- 1ère Division Britannique
o le 1er bataillon des Royal Scots est à Wavre (l’état-major du bataillon et la compagnie D occupent les bunkers du centre antichar du bois de Beumont),
o le 2ème bataillon du Durham Light Infantry (II/DLI) occupe les abris numérotés LW16 et LW17 situés près du château de Laurensart,
o le 1er bataillon du Royal Berkshire Regiment (I/RB) protège la lisière des bois de Laurensart jusqu’à Florival en occupant les abris numérotés LW12, LW13, LW14 et LW15,
o le 1er bataillon des Royal Welsh fusiliers Regiment (I/RWF) près du pont de Florival où il occupe deux bunkers : le LW11 et le LW12. Il est appuyé par des groupes de mitrailleuses du 2ème bataillon du Manchester Regiment.
- 2ème Division Britannique
o le 1er bataillon du King Shropshire Light Infantry Regiment (I/KSLI) à Pécrot.
Le 12 mai dès 10h du matin, les premières troupes d’infanterie commence à s’installer sur les positions le long de la Dyle. Au soir du 13 mai, ce sont donc des troupes anglaises de la British Expeditionary Force (B.E.F.) qui occupent la trentaine de bunkers du secteur Louvain-Wavre. Des soldats français (13ème Régiment de Tirailleurs Algériens) occupent par ailleurs les abris bétonnés disséminés dans les bois de Bierges, Limal et Rixensart.
Le 14 mai, les troupes alliées se replient graduellement derrière la ligne KW sous la pression allemande. Dans la soirée, l’ensemble des armées alliées est en place : de Florival au sud de Wavre, la 2ème Division Britannique et de Bierges à Ottignies, la 2ème Division d’Infanterie Nord-Africaine (française).
Le 15 mai au matin, le 31ème Infanterie Division (17ème Infanterie Regiment (17ème IR) et 82ème Infanterie Regiment (82ème IR)) se voit chargé de prendre les ponts (détruits) de Florival et de Laurensart.
A 6h00 du matin, les allemands du 82ème IR, massés entre les papeteries et la gare de Gastuche, lancent leur première attaque face à la compagnie B du II/DLI, déployé à proximité du LW16 qui fait feu par ses bouches de tir.
Attaques et contre-attaques se succèdent, les engagements sont très violents, mais pour les bataillons de la 6e Brigade anglaise, les ordres sont clairs et sans équivoque : « La position « Dyle » doit être tenue et toute perte de terrain doit être reprise par une contre-attaque immédiate ».
Vers midi, la 82ème IR tente une percée vers le pont dans le secteur de la compagnie D de la II/DLI (Château de Laurensart), qui repousse l’assaut avec le soutien de la Compagnie D du I/RWF.
Devant les positions défendues par le I/RB (entre Laurensart de Florival), il n’y a que peu d’activité : les grandes étendues de terrain dégagé au-devant des LW 14 et 15 n’engagent pas les Allemands à s’y aventurer.
En début de nuit, le 82ème IR lance un nouvel assaut pour traverser le pont de Laurensart. Mais grâce au courage du lieutenant Annand qui commande le peloton à la défense du pont, la tentative allemande échoue une nouvelle fois. Il faut savoir que suite à ce fait d'arme lié à la défense de ce pont, lui fut attribuée la première Victoria Cross de la Seconde Guerre mondiale. A 23h00, le front de la DLI tient.
Revenons au 15 vers 6 h du matin. Le 17ème RI lance simultanément 2 attaques l’un sur le pont des brebis (Pécrot) et l’autre sur le pont de Florival. Les mitrailleuses du Manchester Regiment, en soutien du I/RB et du I/RWF ne cessent de balayer les rives de la Dyle en aval du LW12.
Au sud du pont de Florival se trouvent une large étendue marécageuse et un étang défendus par le LW12 sur plus de 200 m. Au nord du pont, des inondations s’étendent jusqu’au LW10. Après l’échec de la première attaque du matin sur le pont de Florival, le 17ème IR attaque en force au cours de la soirée. Mais tout comme le matin, l’engagement est rompu et l’ennemi recule. A Pécrot, le scénario est partiellement identique : les Allemands ne passent pas !
Peu après 22 h, les bataillons anglais, ébahis, reçoivent l'ordre de se retirer des positions : une gigantesque brèche sur le front français s'était créée dans les Ardennes, près de Sedan.
Le 15 mai, il y avait près de 2.000 hommes au km2 sur la Dyle. Il peut être estimé qu’il y a eu au moins, toutes nations confondues, environ 600 tués, 1500 blessés et 250 prisonniers français et anglais.
Les allemands se souviennent de la « Dylestellung », dont ils diront que c’était l’« Enfer de la Dyle » !
Yves Duwelz et 73 autres personnes
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