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LA PROCESSION SAINT-CORNEILLE A MILLE

On rapporte à Mille (commune de l'entité de Beauvechain) que la "Procession Saint-Corneille" s'y déploierait le 4ème dimanche après Pâques depuis 1460. Cette procession a toujours réuni de nombreux fidèles et sa réputation est vaste tant en Brabant wallon qu'en Belgique, voire Outre-frontières.

Après une année d'interruption, Covid oblige,la procesion se déroulera ce dimanche 2 mai sous d'autres auspices, les restrictions dues à la pandémie étant encore d'actualité. Autrement, cette procession avait disparu fin du XVIIIème siècle pour revenir en 1938 à la volonté du Doyen Arthur Langlet, curé de Tourinnes. Il est vrai que cette manifestation est gérée par un comité très actif dénommé "Confrérie de Saint-Corneille"  Logiquement, la manifestation débute par une messe en plein air aux abords immédiats de la chapelle. Après une première bénédiction, la procession se met en route pour suivre un itinéraire bien précis. 

Il y a un demi-siècle à peine, on comptait encore plus de 170 cavaliers costumés et entourés de plusieurs Sociétés de musique locale et régionale . En 1950, les reliques de Saint-Corneille ont été incorporées dans une châsse réalisée par Max van der Linden, artiste local bien connu et transportée parmi les chars allégoriques qui s'inspirent de l'habiographie locale : saint Corneille, Notre-Dame- du Rond-Chêne, sainte Waudru, saint Bavon ... 

Cette année, à l'occasion du millénaire de l'église Saint-Martin de Tourinnes et les conditions sanitaires imposées, la messe  y sera chantée à 10h15. Une heure plus tard, la procession s'ébranlera pour se rendre par diverses artères de la cité vers la chapelle de Mille où elle se disloquera après une bénédiction de l'abbé Christophe. Un bref discours est également prévu à l'arrivée. Malheureusement, la procession sera réduite à cinq chars tirés par des tracteurs et complétée par cinq cavaliers. Le rassemblement de plus de 10 personnes étant toujours interdit, il y aura beaucoup moins de public que les autres années. Les habitants des artères de passage soit la Place Saint-Martin, la rue du Culot, la rue Boogaerts et la rue Jules Coisman sont invités à garnir leur trottoir ou leur façade d'un petit reposoir dédié à la Vierge. 

Osons espérer que le ciel sera clément en cette matinée de dimanche. 

CORNEILLE, pape durant 2 ans, 3 mois et 10 jours 

Après la mort du pape Fabien (20 janvier 250) qui fut une des premières victimes de la persécution de Dèce, la vacance du siège apostolique se prolongea pendant quinze mois au bout desquels, en mars 251, le clergé et les fidèles de Rome (environ trente mille personnes) purent enfin se réunir pour élire pape le prêtre romain Corneille, fils de Castinus. Saint Cyprien écrivit à un autre évêque, à propos du pape Corneille : Il a passé par toutes les fonctions de l’Eglise, il a bien servi le Seigneur dans les divers emplois qui lui ont été confiés, en sorte qu’il n’est monté au faîte sublime du sacerdoce qu’en gravissant tous les degrés ecclésiastiques. Malheureusement, une partie de la communauté romaine refusa l’élection de Corneille au profit du savant Novatien, prêtre ordonné par le pape Fabien, qui refusait énergiquement de réconcilier les lapsi que Corneille absolvait pouvu qu’ils reconnussent leur faute et fissent pénitence ; ce schisme s’étendit à toute l’Italie, à la Gaule et à l’Afrique où Cyprien de Carthage soutenait vigoureusement Corneille. A l’automne 251, Corneille réunit un synode où siégèrent soixante évêques, qui excommunia Novatien, mesure qui, grâce à Fabius d’Antioche et à Denys d’Alexandrie, fut adoptée en Orient. Ces évènement n’empêchèrent pas le pape Corneille d’organiser le clergé de Rome et les institutions caritatives.

A la fin de l'année de 251, alors que les frontières de l’Empire étaient gravement menacées par les Goths et les Sassanides, une terrible peste secoua plusieurs provinces. Les païens accusant les Chrétiens d'avoir provoqué la colère des dieux, l'empereur Gallus (251-253) rouvrit la persécution. Dès le début de la persécution, Corneille fut arrêté et, solidement défendu par les nombreux fidèles qui l'accompagnèrent jusqu'au tribunal, il ne fut condamné qu'à l'exil à Centum Cellæ (Civita-Vecchia) où il mourut, probablement en juin 253 ; son corps fut transporté à Rome et enterré dans la crypte de Lucine, proche de la catacombe Saint-Callixte, sur la voie Apienne, le 14 septembre 253.

UNE CHAPELLE, à l'origine du hameau.

Dans un article paru dans le bulletin communal de Beauvechain, Mathieu Bertrand rapporte que l'implantation de la chapelle  Saint-Corneille marque, avec la ferme « Hof ter Cammen » (Métairie attestée depuis 1665) qui lui fait face, le noyau originel de l’ancien hameau de Mille, prononcé M’lin. Ce hameau arrosé par un ruisseau qui porte son nom reste attaché à la paroisse de Tourinnes même si, en 1811, un décret impérial l’inclut à Hamme qui devient ainsi le village de Hamme-Mille, renommé pour son abbaye cistercienne de femmes fondée vers 1235 par le Duc Henri II de Brabant en un lieu qui prendra le nom de Valduc. Le paysage de Mille est légèrement vallonné, ponctué de champs, d’alignements d’arbres et de bosquets qui constituent un environnement rural harmonieux pour la chapelle Saint Corneille. Elle s’implante par ailleurs au bord de l’ancienne Voie royale, passage obligé avant la création de la chaussée Namur-Louvain durant la seconde moitié du 18e siècle. Cette importante route est aujourd’hui conservée sous forme d’un agréable chemin creux et pavé. L'historien local Joseph Schayes relate en détail l'histoire de la chapelle érigée vers 1460. 

La chapelle fut de tout temps le lieu de développement d’un culte qui doit son succès aux miracles attribués à Saint Corneille, pape et martyr décédé en 253. Au Moyen-Âge, le Saint était invoqué pour le « mal caduc », appellation qui recouvrait sans doute ce que la faculté diagnostique aujourd’hui comme l’épilepsie ou l’hystérie. Par ailleurs, l’homonymie de « Cornelius » avec « corne », désigna Corneille comme le protecteur des bêtes à cornes d’abord (elles furent l’essentiel de la traction agricole, avec le cheval, jusqu’à l’arrivée du tracteur dans nos régions, après la Seconde Guerre mondiale), puis par extension – et plus tardivement – à l’ensemble des animaux domestiques. Toujours selon Schayes, l’évêque de Namur envoie des reliques du saint à la chapelle en 1660, date avant laquelle elles étaient conservées aux Pays-Bas. Maximilien-Henri, archevêque de Cologne et évêque de Liège authentifie ces reliques qui sont exposées publiquement le 17 mai de la même année.

Pierre Quiroule

(sources : bulletin communal de Beauvechain et textes de Mathieu Bertrand et de Joseph Schayes)

 

 

 

 

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