Comme le dit Philippe Martin dans son introduction relative au patrimoine préféré des Wallons, « Sortez des sentiers battus, entrouvrez les portes …. l’inattendu, l’insolite se cachent généralement là où l’on passe sans trop prêter d’attention… »
La Wallonie comporte encore de nombreux sites qui peuvent nous étonner et parmi eux, la chapelle Gosin de Nodebais.
A la croisée du chemin de la Petite Chapelle et de celui d’Agbiermont, nichée au creux d’un vallon, à la pointe d’un bois et entourée de champs, la chapelle dédiée à Notre-Dame de Bonsecours a retrouvé son lustre d’antan en 1988. Sous la direction de Raymond Delestinne, membre du conseil de Fabrique d’église Sainte-Waudru, et avec l’aide de l’administration communale, les habitants de Nodebais ont mis spontanément la main à la pâte pour permettre la restauration de cet édifice qui avait souffert des intempéries des années durant.
C’est en 1831 que l’arrière-arrière-grand-mère du célèbre céramiste Max van der Linden voulait mettre au monde son premier enfant à la ferme familiale d’Agbiermont. Le père avait promis la chapelle si l’enfant gardait la vie. La trisaïeule mourut, la petite fille survécut et le père disparut quelques temps plus tard.
En souvenir de ses parents, Marie-Thérèse Gosin, née le 2 octobre 1831, vint à l’âge de sept ans poser la première pierre de la chapelle et en assura l’entretien jusqu’à son décès en 1907.Elle épousa entretemps en 1849 le baron Maximilien Michaux. Ce furent alors les moines de l’abbaye de Waulsort qui occupaient la ferme d’Agbiermont qui assurèrent l’entretien de la chapelle. Celle-ci subit ensuite deux restaurations en 1910 et dans les années 50. Les premières céramiques de Max van der Linden vinrent orner le plafond et les murs. On ignore toutefois les origines de la statue de la Vierge. A titre d’anecdote on retiendra que la vierge qui se trouve dans la chapelle est une copie, l’originale étant à l’abri des voleurs. La couronne en argent qui la rehausse a été offerte par des promeneurs qui, surpris par un orage avaient trouvé refuge en la chapelle.
Aussi appelée Notre-Dame de Bon-Secours, la chapelle Gosin fait l’objet d’une véritable dévotion des habitants de la commune. De familiale à ses origines elle est devenue paroissiale.
Les Nodebaisiens racontent, qu’au cours de la dernière guerre, la chapelle reçut la visite de militaires tant allemands, qu’anglais ou américains. En 1957, une céramique de Max van der Linden dédiée à tous les pilotes de la base fut posée et fit l’objet d’un pèlerinage annuel avec une brève cérémonie, au cours de laquelle, l’aumônier de la base officiait.
Courte description
Confions cette description à notre guide Yvonne Dujacquier, auteure de « Chapelles en Brabant » . « Venant de Tourinnes-la-Grosse, par un étroit chemin de campagne, on débouche tout droit sur l’abside arrondie d’une petite chapelle blanche à l’aspect tout simple. Une plaque en céramique, apposée sur le mur extérieur, attire pourtant l’attention par sa beauté et par le ton du texte qu’elle porte : « Par le mystère de votre glorieuse assomption, soyez, ô Marie, d’un bon secours à tous ceux qui, de cette plaine prendront sous votre regard leur envol vers le ciel. Les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 1er Wing de chasse. Beauvechain 1957. »
Curiosité aiguisée, on pénètre dans le petit oratoire et l’on découvre avec ravissement sa chatoyante décoration de céramiques. »
« Le céramiste Max van der Linden est l’arrière-petit-fils de Marie Thérèse Gosin. Outre les quatre panneaux qui relatent l’histoire, il a apposé, de part et d’autre de la nef, des frises dont on admire la pensée autant que la technique et les chaudes couleurs. Formant des arabesques parmi les personnages, des banderoles portent des textes simples et évocateurs, par exemple : « Notre Dame de Bon-Secours » protégez nos moissons, notre travail, nos récoltes, nos familles, la jeunesse, la vie de notre âme ».
« La Vierge trône sur le maître-autel. Elle est la reproduction fidèle de la statue originale en céramique que l’on a mise à l’abri des visiteurs qui écument nos églises.
Deux frises sont apposées aussi au mur de l’abside. L’une d’elles rappelle la mémoire de Pierre Van der Linden décédé dans un accident de moto en 1951. Dans une pensée symbolique, Max van der Linden relate la crucifixion, la douleur de la Vierge, en les apparentant à la mort de son frère et à la douleur de sa mère ».