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  • LA FLEUR DE LYS

    Pendant près de sept siècles, les fleurs de lys ont été l'emblème de la France et de ses rois. Elles apparaissent au XIIIe siècle, au « temps des cathédrales », et entretiennent des liens étroits avec la spiritualité de la lumière promue par l'abbé Suger.
    Mais, comme souvent, cette signification religieuse recouvre peut-être des sens plus anciens. Au fil des siècles, les fleurs de lys accompagnent le renforcement de la monarchie française et de l'État qu'elle construit. Elles deviennent ainsi une figure majeure de la symbolique du pouvoir dans ses différentes facettes.
    Symbole royal ? Symbole français ? La question suscite des débats passionnants au XIXe siècle quand la démocratie remplace la royauté. Notamment dans les blasons des villes - souvent très anciens - où elles sont bien difficiles à remplacer. Comment mieux comprendre cet emblème sorti de la nuit des temps et omniprésent dans notre histoire et sur nos monuments.
    1- Fleurs de lys ?
    La fleur de lys est en général considérée comme une représentation stylisée du lys ou plus probablement de l'iris des marais. L'une et l'autre fleur, en raison de leurs formes généreuses et élégantes, de leurs couleurs chatoyantes et subtiles, ont certainement très tôt accroché le regard et suscité l'admiration.
    Les fleurs de lys héraldiques sont-elles vraiment des fleurs de lys ? La question peut se poser. De longue date, de nombreux auteurs y ont plutôt vu des iris et, en l'occurrence, l'iris des marais {Iris pseudacorus), très présent en France, qui arbore un magnifique jaune d'or.
    En effet, si la corolle évasée du lys a quelques similitudes avec les deux éléments latéraux de la fleur de lys des blasons, la plante lys est dépourvue de ces pétales centraux qui se rejoignent, si caractéristiques du dessin héraldique. L'iris, en revanche, présente à la fois des pétales dressés au centre de la fleur et un entourage de pétales retombant sur les côtés. Notre fleur de lys héraldique est donc plus proche de l'iris. Pourquoi l'iris se serait-il transformé en lys ? Comme souvent dans la culture ancienne, par une sorte de jeu de mots.
    L'appellation originelle aurait été "fleurs de Louis", par référence au nom emblématique des Capétiens : Clovis/Lovis/Louis. Par la suite, la proximité phonique entre Louis et lys et la majesté et la pureté associées aux lys (et à la Vierge Marie, auquel le royaume capétien s'était dédié), auraient fait des fleurs de Louis des fleurs de lys.
    La fleur de lys avant la fleur de lys - l'aigrette Trifide
    L'archéologie nous fournit des exemples très anciens de motifs décoratifs proches de ce qui deviendra notre fleur de lys. Pour bien marquer leur antériorité et parce que leurs significations peuvent alors être fort diverses, on les désigne d'abord sous l'appellation d'« aigrette trifide ». C'est un motif avec un élément central effilé dirigé vers le haut et entouré de deux éléments symétriques avec des formes élancées. Le mot vient de la similitude avec la touffe de plumes qui orne la tête de certains oiseaux. Quand le dessin s'arrondit, on le dénomme « fleuron ». Une pré-fleur de lys en quelque sorte.
    On peut distinguer des aigrettes trifides sur les diadèmes de plusieurs empereurs romains comme en témoignent leur monnaie frappée ; l'aigrette trifide y apparaît néanmoins associée à la dignité impériale.
    Elle est aussi souvent présente dans l'iconographie d'empereurs byzantins comme Anasthase 1er (493-518). Sur la plupart des monnaies de Héraclius 1er (610-641) à Michel 1er Rhangabé (811-813), toutes les couronnes affichent un élément central qui est certainement, à l'origine, une croix, mais qui prend l'apparence d'une aigrette trifide. La base s'élargit pour s'enraciner dans la couronne, les trois autres branches ont des formes arrondies. Placée sur la couronne ou le diadème au niveau du milieu du front, elle peut être lue comme une marque d'élection divine.
    De tels signes existent probablement de puis la plus haute antiquité. En Italie du Nord, l'art lombard des VIIe et VIIIe siècles présente de nombreux exemples de fleurons, notamment aux extrémités des branches de croix « enjolivées ».
    Le Louvre conserve une petite statue équestre de Charlemagne ou de son petit-fils, Charles II le Chauve, le souverain portant une couronne avec quatre fleurons qui ressemblent de plus en plus à des fleurs de lys. Le diadème surmonté d'une aigrette trifide, celui-ci sera très représenté dans la dynastie carolingienne. Celle-ci représenterait la croix, même enjolivée, en raison du contexte religieux. Il s'agit de proclamer le dogme catholique de la Sainte Trinité face à d'autres courants chrétiens qui le rejettent, comme les Ariens, encore très présents en Europe. Les trois branches de l'aigrette trifide affichaient la foi trinitaire de Charlemagne, par exemple et de ses successeurs.
     
    Michel Pastoureau lie l'avènement de la fleur de lys à un épisode tragique qui ébranle la bien fragile dynastie capétienne. Le fils aîné de Louis VI, le prometteur Philippe, jeune roi dans les usages du temps, meurt dans un accident infamant le 13 octobre 1131. Son cheval heurte un cochon. Il désarçonne son cavalier dont la tête tombe sur une pierre. Pour l'homme médiéval, le jeune prince a été tué par un cochon, bête impure par excellence, animal pervers et presque diabolique. Dans une société si attentive aux signes, en voilà un de bien mauvais augure. On va donc tirer de son monastère le deuxième fils du roi, Louis, qui devient Louis VII, « le Pieux », à la mort de son père en 1137. Les premières années du règne de Louis sont assombries par une série d'échecs. Ainsi, la deuxième croisade, organisée pour porter secours aux États chrétiens de Palestine et prêchée par Bernard de Clairvaux, tourne à la catastrophe. À son retour en 1149, le roi et ses conseillers se pensent sincèrement oubliés de Dieu.
    Quoi de plus naturel alors que de se tourner vers la Vierge pour solliciter sa protection et intercéder en faveur du roi et du royaume auprès de son glorieux fils. Le roi se place alors sous le signe de la Vierge : le lys christique et marial. Ce sera dorénavant le principal emblème des Capétiens. Il deviendra omniprésent dans la symbolique royale de Philippe Auguste et de ses successeurs. Par extension, pendant près de sept siècles, il sera aussi l'emblème de la France.
     

  • EXPO-CONFERENCE A LA MAISON DE LA MEMOIRE DE BEAUVECHAIN

    Découvrez l’archéologie préventive en Brabant wallon lors d’une conférence passionnante avec Véronique Moulaert, archéologue à l'AWaP (Agence wallonne du patrimoine). Explorez les mécanismes de cette discipline qui révèle le patrimoine enfoui au fil des travaux contemporains. Quels trésors ont été exhumés récemment ? Plongez au cœur des couches du passé, entre science, législation et soif d’apprendre. 
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  • LA ROUTE DE L'OR

    La route de l'or :
    Carte marine de la Méditerranée - 413 - Majorque -Mecia de Viladestes - BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE AA-566 (RES).

    Dès le Moyen Âge, les cartes portulans rendent compte des forces politiques et religieuses présentes dans le bassin méditerranéen, par des pavillons et des blasons héraldiques aux couleurs des villes et des royaumes chrétiens ou musulmans. La croix chrétienne et le croissant islamique se partagent les rivages et s’opposent.
    En Afrique, on signale le mythique « royaume du Prêtre Jean » : c’est ainsi que l’on appelait le roi de l’Éthiopie chrétienne, avec qui les Européens cherchaient à nouer des contacts pour former une alliance de revers contre le sultan d’Égypte.
    La Méditerranée est aussi le théâtre des rivalités entre les puissances européennes : l’Espagne et le Portugal se disputent le contrôle des côtes et des îles marocaines au tournant des 15e et 16e siècles, tandis que les rois de France nouent, à partir de François Ier, une alliance avec l’infidèle Soliman le Magnifique pour contrer la suprématie des Habsbourg en Europe. Oppositions et rivalités se devinent dans les choix iconographiques des auteurs des portulans ou dans le détail d’un pavillon planté sur tel ou tel port.
    Commande du prieur de la chartreuse de Valdemosa à Majorque, cette carte catalane luxueuse, richement ornée de personnages et d’animaux, décrit les routes commerciales de l’Afrique (or, ivoire) et du golfe Persique (perles et épices) ainsi que la circulation des marchandises jusqu’en Europe du Nord. On aperçoit au sud du Nil le prêtre Jean, mythique souverain chrétien d’Éthiopie, représenté avec les attributs d’un évêque.
    (Source entre Médiéval et Renaissance)