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UN METIER INSOLITE : ARRACHEUR DE DENTS

ARRACHEUR DE DENTS
Mordu de travail
L'histoire n'a retenu d'eux qu'un frisson - légitime - et une expression : « mentir comme un arracheur de dents ». Cette formule serait née de l'époque où les dentistes amateurs, attroupés dans les foires, promettaient à leurs patients qu'ils ne souffriraient pas... Ce qui ne pouvait être qu'affabulation : les clients crédules le constataient, bien malgré eux, quelques minutes plus tard ! La fonction d'arracheur de dents s'épanouit dans l'Europe médiévale, où elle est surtout pratiquée par les barbiers-chirurgiens à partir du XIVe siècle. La panoplie du professionnel comprend alors une paire de tenailles, un assortiment de lames, et surtout une bonne poigne pour extraire les molaires bien enracinées. En plus de maîtriser l'art subtil du mensonge, les arracheurs se font accompagner de ménestrels pour couvrir les cris de douleur de leurs victimes.
Il n'y a pas encore de traités d'odontologie : dans les petits villages, c'est parfois le forgeron qui prend à son compte cette besogne, et les traitements irréfléchis sont monnaie courante. Les apprentis dentistes passent notamment la dentition de leur patientèle à l'eau-forte - un acide très corrosif - afin de lui rendre un éclat incomparable. Pour soigner les dents cariées, qu'on pense larvées de vers, on les burine au marteau avec la pointe d'un clou ; une fois arrachées, on monte à leur place des dents saines, rachetées à leurs anciens propriétaires ou tirées de la bouche de cadavres. À partir du XVIe siècle, le commerce sucrier qui prospère dans les colonies (Jamaïque, Guadeloupe, la Barbade, Saint-Domingue) dépouille les mâchoires occidentales.
La reine Elisabeth d'Angleterre affiche un sourire édenté aux dents noires, signe de son goût pour la pâte d'amande, les sucreries et le pain d'épices. Ce qui rend, à en croire les ambassadeurs appelés à sa cour, ses allocutions difficiles à comprendre... En France aussi, nombreux souffrent en silence de maux de dents : les arracheurs s'établissent aux abords du Pont-Neuf, à Paris.
Dans le beau-Paris, l'arracheur est petit à petit supplanté par des dentistes précurseurs, à l'image de Pierre Fauchard, qui publie son Traité des dents en 1728. À Lyon, en 1795, un certain Laurent Mourguet innove pour distraire sa clientèle : il fait installer sa chaise d'opération devant un petit théâtre de marionnettes de sa confection, rue Noire. C'est la naissance du célèbre Guignol...
(source entre médiéval et renaissance FB)
 

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